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Par Tolbiac204 le 23 Juillet 2019 à 23:00
Dans le cadre des Mardis Découvertes de l'Office de Tourisme de Châtillon et après avoir découvert avec beaucoup d'intérêt l'artisanat d'art du Moulin de la Fleuristerie à Orges (pour revoir ce post, cliquez ICI), nous nous sommes rendus à Châteauvillain pour effectuer cette fois-ci une visite guidée de cette petite ville de Haute-Marne située à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Chaumont.
C'est une bénévole de l'Association "La Clé des Champs" qui nous entraîne dans sa découverte : la bourgade a reçu le label "Petite Cité de Caractère".
Le rendez-vous était donné à la Tour de l'Auditoire. Celle-ci date du XIIIe siècle et faisait initialement partie du château de Châteauvillain, aujourd'hui disparu. Elle servait à rendre les sentences.
Nous montons tout de suite à l'étage par un très bel escalier en colimaçon.
Il s'y trouve une maquette de l'ancien château réalisée à partir d'un plan original datant de 1865.
Notre guide bénévole en profite pour nous raconter l'histoire de cette petite ville : un bourg castral est implanté, dès le XII e siècle, dans les boucles de l’Aujon, l'un de ces nombreux petits ruisseaux prenant naissance sur le plateau de Langres. La cité est entourée d’une première enceinte au XIII e siècle (dont il ne reste que la Tour de l'Auditoire et la Tour Saint-Marc), puis d’une deuxième au XIVe siècle qui comportait 54 tours et 3 portes (dont une seule subsiste : la Tour Madame).
Sur un mur, la généalogie des Sires de Châteauvillain.
Dans la pièce également, ce qui reste du tombeau de Nicolas de L'Hospital, Maréchal de France, Duc de Vitry, qui fut Comte de Châteauvillain de 1623 à 1644. Le tombeau fut dispersé après la Révolution entre Châteauvillain, Chaumont et Versailles.
Une maquette (au 1/3) montre comment était le tombeau : il faisait 5 mètres de haut...
Un tableau représente le dernier propriétaire de la Seigneurie, Louis-Jean-Marie de Bourbon, Duc de Penthièvre (l'un des petit-fils de Louis XIV) : le développement de cette petite commune tient beaucoup à la possession qu'il en avait alors.
Derrière ces murs épais, on a plaisir à trouver refuge contre la chaleur qui sévit ce jour-là au delà de toutes nos espérances... (la température avoisine les 40 degrés).
Et maintenant, direction la place de l'Hôtel de Ville
L'Hôtel de Ville affiche sur sa façade la Croix de guerre 1939-1945 décernée à la ville.
Juste en face se trouve l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, tellement grande que je n'ai pas eu assez de recul pour la prendre dans son intégralité. Depuis, j'ai trouvé une très belle image sur le net (Photo Gilbert Delbrayelle).
L'église possède toujours son clocher du XIIIème siècle mais sa façade est néo-classique (de 1769). Elle a été construite en partie sur les plans de l'architecte Jacques-Germain Soufflot qui réalisa parallèlement sur Paris l'église Sainte-Geneviève (futur Panthéon).
Mazette !
En voici le fronton
Au-dessus du porche, un décor sculpté porte le triangle des francs-maçons.
Notre guide nous montre le dessin d'un pèlerin sur le mur de l'église : il s'agit du chemin de pèlerinage de l’Angleterre à Rome, la Via Francigena (Voie des Français), consignée au Xe siècle par Sigéric le Sérieux, chef de l’église d’Angleterre, et qui parcourt l’Europe sur 2 000 km, allant de Cantorbery à Rome. Son tracé, qui traverse un bras de mer, des plaines et des fleuves et se hisse jusqu’aux sommets alpins, conjugue défi spirituel et physique.
L'église est extrêmement sombre et mériterait une bonne restauration : on voit tout de même qu'elle est entièrement recouverte de peintures murales.
Près du choeur, une nativité, probablement du XIXème siècle
L'orgue est un Cavaillé-Coll : on donne régulièrement dans l'église des concerts d'orgue.
Nous étant un peu rafraîchis..., nous affrontons à nouveau le soleil.
Derrière ces beaux murs de pierre, un pigeonnier ayant appartenu au Duc de Vitry
Datant du XVII ème siècle, ce pigeonnier de 13 mètres de diamètre était l'un des plus grands de France : il contenait 3000 boulins (*) en pierre qui s’étendaient sur toute la hauteur de l’édifice. (*) On appelle "boulin" le logement des pigeons dans un pigeonnier (on disait aussi colombier).
Ici, ils sont en pierre et en torchis. La majeure partie de ces boulins est logée dans l'épaisseur des murs. Dans chacun de ces "nids" vivaient deux pigeons : il y avait donc 6000 pigeons dans ce colombier ! Il est aussi particulier en ceci que sa fenêtre d'envol est sur le toit (à gauche de la photo).
L’élevage des pigeons était un droit réservé aux seigneurs : on évaluait la richesse et le pouvoir de celui-ci par la grandeur de son colombier. Ce colombier étant très imposant, on peut donc en déduire que le Duc de Vitry était un homme très fortuné.
On élevait alors les pigeons pour la récolte de leurs fientes ou "colombine" : c'était le seul engrais à l'époque et il valait une fortune. C'est parce que les colombiers ne servaient qu'à engraisser les terres que seuls les propriétaires terriens pouvaient en posséder. Plus la terre était grande, plus le colombier était important.
La girouette est en forme de colombe...
Nous voici arrivés devant la Porte Madame qui donne accès au Parc aux daims. Cette porte est la seule porte qui subsiste de l'enceinte construite au XIVème siècle. Elle servait d'accès, en 1655, au fils du Duc de Vitry aux 272 ha de forêt lui servant de terrain de chasse.
C'est au XIXème siècle que les daims ont été introduits dans le parc.
Poussons la porte du parc...
La porte côté parc
Il fait trop chaud pour emprunter cette petite rue entre deux murs de pierre...
Un peu plus loin, de beaux vestiges gothiques
Où la nature va-t-elle se nicher... !
La petite ville a réalisé de très jolis panneaux indicatifs.
Voici la porte (du XVème siècle) donnant accès à l'ancien couvent des Cordeliers construit par l'arrière petit-fils de Louis VII, Jean Ier de Châteauvillain (1259-1313).
On l'appelait Jean 1er "Jean l'aveugle" car, ayant participé à la 7ème croisade avec le roi de France, il fut fait prisonnier comme 300 autres chevaliers par les sarrasins et l'on dit qu'ils en revinrent avec les yeux crevés... A leur libération, Saint Louis leur fit construire un hôpital à Paris, les Quinze-Vingt, qui existe toujours. Jean 1er a préféré revenir à Châteauvillain où il décédera à l'âge de 95 ans.
Durant sa vie il fit construire de nombreux édifices religieux tel, vers 1280, le couvent des Cordeliers. A l'époque l'église, qui a disparu aujourd'hui, pouvait contenir la totalité de la population de Châteauvillain, soit 4000 personnes.
Le nom de Cordeliers a été attribué à l'époque à des Franciscains particulièrement combatifs contre les sarrasins : ces moines portaient sous leur robe de bure brune ou grise une grosse corde, ornée de plusieurs nœuds, qui tombait presque jusqu'à leurs pieds, d'où l'expression "cordes liées".
Le couvent des Récollets succéda au couvent des Cordeliers en 1635. Grâce à leur dévouement ils s'attirèrent la sympathie des habitants de la ville. En leur honneur, la grande rue des Bordes - rue principale à l'époque - devint la rue des Récollets.
Son tombeau se trouve à Chaumont.
Restes de l'ancien château, rue du vieux bourg : les machicoulis
Voici les anciennes halles
En descendant vers l'église, le mail où l'on jouait au "maillet".
Très pratiqué en France et en Italie au Moyen-Age, il atteint son apogée en France au XVIIème siècle. Le nom du jeu vient du français pailmail ou paille-maille : la "maille" était un petit maillet envoyant une balle sous un arceau de paille...
Cette belle maison à vendre est l'ancien château des Ducs de Vitry et de Penthièvre. Louis XIII avait assuré la fortune du Duc de Vitry après que celui-ci, en tant que Capitaine des Gardes, ait fait assassiner sur son ordre Concini, le favori de la reine mère...
On a de l'humour à Châteauvillain...
Il est marqué sur cette petite pancarte : "Ici on aperçoit le haut de la Tour Eiffel par beau temps". Il est précisé : "quand on passe en avion à la verticale de ce point" !
Voici le Lavoir de Châteauvillain : construit à la Révolution, il a été reconstruit en 1826.
Sa particularité est d'avoir un parquet flottant grâce à un système de manivelle permettant aux lavandières de ne pas avoir à se baisser.
Il possède une très belle charpente.
Son autre originalité (ce qui le rend unique en France) est qu'il n'est pas construit au bord d'une rivière mais alimenté par une source située en face de la rue.
Lui faisant face, une très belle maison où l'on aperçoit des gargouilles à tête de lion : il s'agit de l'ancienne maison du Prévôt de la ville comme on le verra plus loin.
En montant l'escalier bordant la fontaine, un étrange personnage intitulé "Le vilain pas vilain"...
Il s'agit d'une sculpture de Michel Boussard (2013)
Un joli passage voûté
et un escalier...
Nous voici à nouveau à l'air libre pour découvrir la Maison de la Prévôté.
Agent du pouvoir seigneurial dans la France du Moyen-Age, le Prévôt est une sorte d'intendant doté de pouvoirs étendus : il administre, juge, perçoit les multiples taxes et amendes au nom du seigneur. A partir du XVIIème siècle cependant ils perdent beaucoup de leurs attributions sauf en matière de justice sociale. Ils n'en restent pas moins des personnages importants si l'on en juge par la taille de la maison construite pour celui de Châteauvillain en 1645au pied de la Tour de Guet du château médiéval.
Là se termine cette très agréable visite guidée.
Pour conclure, une petite vidéo sur cette "Petite Cité de Caractère" qui nous a séduits.
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Par Tolbiac204 le 23 Juillet 2019 à 23:00
Dans le cadre des Mardis Découvertes de l'Office de Tourisme de Châtillon, nous sommes allés la semaine dernière à Orges, en Haute-Marne, visiter le Moulin de la Fleuristerie.
Nous y avons effectué un véritable bond dans le passé !
Le village d'Orges est traversé par la résurgence de la Dhuys, une rivière qui prend sa source à l'entrée du village et qui alimente depuis 1321 un moulin à huile, devenu plus tard un moulin à farine, puis foulon à draps avant d'abriter un haut-fourneau.
En 1903, suite à la délocalisation à Orges des activités de l'entreprise Briançon sise à Levallois-Perret (entreprise spécialisée dans la production de pièces détachées de fleurs) afin de profiter de l'énergie gratuite du moulin à aube, il prend le nom de "Moulin de la Fleuristerie" et devient ainsi manufacture de pistils, pétales, feuilles et fruits artificiels pour la fabrication de fleurs en soie destinées à la Haute Couture et à la décoration.
En 1994, un couple franco-suédois, Emmanuel et Annette Geoffroy rachète le moulin aux établissements Briançon : commence alors une grande aventure familiale.
C'est Emmanuel Geoffroy lui-même qui nous fait cette visite guidée. Il nous réunit dans l'ancienne halle à charbon qui possède de jolis murs de pierre (dont certains sont encore noircis par l'activité précédente) et une superbe charpente pour nous retracer l'historique du moulin.
Cette jolie salle sert maintenant à l'organisation de mariages car elle est pourvue d'une cuisine et de sanitaires. Parallèlement des chambres d'hôtes ont été créées dans les bâtiments annexes du moulin qui peuvent accueillir quelques uns des invités.
Des concerts et des expositions y sont aussi organisés.
Emmanuel Geoffroy, qui a beaucoup d'humour, nous raconte que la manufacture de 1903 employait essentiellement des femmes (une quarantaine) qui pour beaucoup n'avaient pas de vélo pour se déplacer dans la campagne. Elles étaient donc logées sur place dans un bâtiment qui prendra le nom de "Paradis" : les gars du village leur contaient souvent fleurette lors de leurs sorties dominicales dans les bois voisins...
Le couple exploite d'abord le Moulin de la Fleuristerie avec quatre employées mais un changement d'inspectrice du travail les conduit à s'en séparer du fait de l'absence de conditions de sécurité modernes dans l'atelier resté intact depuis le début du siècle.
Une petite vidéo datant de cette époque révolue
Les Geoffroy sont donc actuellement les seuls à exercer cet artisanat d'art.
Nous sortons de la halle au charbon pour aller vers l'atelier.
Au passage, nous admirons la roue à aube.
La roue à aubes rythme la vie des productions : elle a été rénovée en 2010 pour les 100 ans du moulin et elle tourne presque jour et nuit car les pales doivent tremper dans l'eau sous peine de sécher, d'attraper des bactéries ou des champignons.
L'atelier est dans son jus mais tout y fonctionne parfaitement : il faut imaginer en regardant cette photo le bruit des poulies qui tournent en permanence pour actionner des machines centenaires.
On se croirait au 19ème siècle !
La turbine associée à la roue à aube produit l'électricité - à 110 volts - pour éclairer les ateliers qui fournissent la Haute Couture (Chanel, Jean-Paul Gaultier), les cabarets parisiens (le Moulin Rouge), les grands pâtissiers, ou encore le théâtre royal du Danemark, venant chercher ici un fait-main d'exception.
Un joli mannequin placé à l'entrée de l'atelier montre le savoir-faire de l'entreprise.
Nous sommes une bonne vingtaine à écouter religieusement les explications d'Emmanuel Geoffroy.
Pour réaliser une fleur, il faut fabriquer des tiges, des pistils et des étamines et pour cela il faut du fil de fer : voici justement les bobines prêtes à être utilisées. (Photo Christal de Saint-Mars)
Cette machine, appelée "métier à guiper", entoure le coton - de différentes couleurs selon les besoins - autour du fil de fer. Ceci est essentiel aux étapes suivantes où l'on devra utiliser de la colle pour assembler les différentes parties de la fleur sur la tige : sans le coton, la colle ne tiendrait pas.
Les fils de fer garnis de coton sont ensuite tendus sur un grand cadre (on l'aperçoit accroché au mur du fond) dans le sens de la longueur et celui-ci est ensuite déposé sur la "table à découper" que l'on voit ci-dessous.
Il s'agit maintenant de coincer les fils entre des "bois" (faits de deux parties) qui serviront de guide pour découper les petites tiges destinées à créer les pistils et les étamines et ceci... grâce à une roulette qui ressemble à un couteau à pizza !
Le couteau à pizza !
Emmanuel Geoffroy nous montre les "tiges" issues de cette étape de fabrication.
Il faut ensuite procéder à l'opération de "trempage" qui donnera aux pistils et aux étamines leur aspect final. On voit ici la chaîne qui avance très lentement permettant à l'ouvrière placée en bout (à la place d'Emmanuel Geoffroy) de tremper les tiges dans une auge.
Cette auge contient une pâte - blanche ou colorée selon les commandes - dans laquelle on peut même rajouter des paillettes si besoin est pour les besoins de la fabrication.
Tous les ingrédients sont à disposition à portée de main.
Les petits fagots (144 pistils constituant une "grosse") sont prêts à être utilisés : il faut savoir qu'ils ont été liés à la main !
Les commandes sont parfois très colorées...
Dans l'atelier, les grandes marques sont souvent représentées sous forme d'affiches qui montrent le côté prestigieux de cet artisanat d'art : Ici, une affiche de chez Channel.
Voici maintenant la fabrication des pétales : il s'agit d'une opération manuelle qui utilise des emporte-pièces de différentes formes. Le processus est le même pour la fabrication des feuilles.
Pétales et fleurs
Il faut ensuite procéder à l'étape de gaufrage qui donnera du volume aux pétales et aux feuilles en en imitant les moindres détails. Pour cela, il existe des outils adaptés à chacune des formes désirées : ici le moule à fabriquer les feuilles possède même des nervures.
Les outils sont restés les mêmes qu'au siècle dernier...
Dans un coin de l'atelier une affiche montre "Un ménage de fleuristes parisiens"
L'emporte-pièce est alors placé sous une presse qui est chauffée grâce à une résistance (autrefois, on utilisait des braises).
Et voici le résultat !
L'étape ultime : celle de la fabrication de la fleur qui assemble les différents éléments
C'est fait !
Quelques uns des outils et des productions de cet artisanat d'art
Le propriétaire nous entraîne ensuite à l'étage inférieur en empruntant un escalier de meunier très authentique. Au passage, on admire une affiche de chez Pronuptia...
C'est là, si on peut dire, que se trouve la salle des machines : on y voit tous les engrenages - du plus petit au plus grand - mus par la roue à aube.
La roue à aube en action
Vidéo tournée au Moulin de la Fleuristerie où l'on voit Annette Geoffroy travailler à la confection des fleurs.
Nous nous rendons ensuite à la boutique décorée avec beaucoup de goût.
L'entreprise "ARTamin" y propose naturellement des petits souvenirs au public ayant suivi la visite guidée...
Des serre-têtes...
Des petites boîtes à savon...
Emmanuel Geoffroy devant une affiche ventant le savoir-faire de l'entreprise
Une visite étonnante et passionnante
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Par Tolbiac204 le 16 Juillet 2019 à 23:30
Dans le cadre des Mardis Découvertes proposés par l'Office de Tourisme de Châtillon et après la très intéressante visite de la scierie Pianetti à Recey-sur-Ource (c'est ICI), nous prenons la direction d'Essarois qui n'est qu'à quelques kilomètres où nous attendent Pascal et Marie Gervasoni qui exploitent une ferme laitière très robotisée.
C'est Pascal Gervasoni qui nous a fait découvrir son exploitation (Photo Jenry Camus).
Dans la stabulation, une soixantaine de vaches laitières sont en train de manger l'ensilage (composé de maïs et de luzerne) mis à leur disposition dans l'allée centrale.
Et je peux vous dire que ça ne sent pas la rose !
Enfin, c'est la parisienne qui dit ça...
Jusqu'ici rien de très extraordinaire si ce n'est ce robot qui rabat la nourriture en sillonnant l'allée régulièrement toutes les deux heures.
Là où ça devient vraiment intéressant, c'est quand Pascal Gervasoni nous parle du robot de traite dont il a fait l'acquisition. Finie la traite à la main qui prenait des plombes aux fermiers : se lever à 5h du matin pour être opérationnel à 5h15 et ce jusqu'à 8h et... rebelote le soir (de 16h30 à 20h) ! Le robot fait le travail à leur place, leur laissant le loisir de s'occuper autrement dans l'exploitation et les tâches ne manquent pas à la ferme, c'est certain. Il faut juste être présent en cas de dysfonctionnement...
Les vaches sont équipées d'un "podomètre" au niveau du cou qui détecte si la vache a besoin ou non d'être traite. Le robot est capable de traire une vache en environ 10 minutes et ceci à la demande. La vache choisit elle-même d'aller se faire traire (elle le fait en général deux à trois fois par jour) : elle y est incitée par la nourriture qu'elle reçoit simultanément.
Un rayon laser reconnait les pis de la vache, ce qui permet au robot de les nettoyer avec une petite brosse (deux fois de suite) puis les trayons sont saisis un par un afin de commencer le processus de traite. Des analyses sur la qualité du lait de la vache sont faites conjointement afin d'éliminer le lait des vaches malades. L'avantage est que la vache entre et sort de l'espace robotisé en marche avant, donc très facilement.
Un progrès "hénaurme" !
Le lait est d'abord recueilli dans un petit réservoir transparent avant d'être acheminé vers un tank réfrigéré à 4°C qui est relevé tous les deux jours.
Les soixante vaches produisent ainsi 8 à 900 litres de lait par jour : celui-ci est destiné à la fabrication du fromage d'Epoisses.
La famille Gervasoni nous a offert un rafraîchissement avant qu'on se sépare.
Sympa par cette chaleur !
Encore un "Mardis Découvertes" qui nous aura beaucoup appris.
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Par Tolbiac204 le 16 Juillet 2019 à 23:00
Pour ce premier "Mardis Découvertes" de l'été, nous nous sommes rendus à Recey-sur-Ource (à une trentaine de kilomètres au sud-est de Châtillon) afin de visiter la scierie Pianetti-Milesi. C'est bien sûr Nadine qui accompagnait cette sortie estivale.
Bertrand Pianetti, ici présent, a pris sur son temps pour nous expliquer le fonctionnement de l'entreprise héritée de son père qui emploie une quinzaine de personnes.
Le châtillonnais constitue l'un des plus grands massifs forestiers de France en région
Bourgogne - Franche- Comté. Scierie familiale créée en 1970 par Henri et Victor Pianetti et leur beau-frères Silvio Milesi, l'entreprise exploite le bois local (le chêne en priorité mais aussi le hêtre et le charme) et le transforme notamment pour les entreprises de fabrication.Ces grumes de bois attendent d'être traitées.
Bertrand Pianetti répond à une de mes questions : il nous explique que quand une grume a un coeur décentré, cela signifie que l'arbre a été inégalement éclairé par le soleil.
Il nous emmène ensuite vers l'atelier où se trouvent les scies à commande numérique qui vont transformer ces troncs en planches de bois prêtes à être commercialisées auprès des fabricants de meubles ou de parquets.
Ce chariot-élévateur délivre les grumes au premier banc de scie.
La scie coupe les grumes en planches de 27mm d'épaisseur afin de les transformer en lames de parquet.
Les planches sont ensuite acheminées vers un banc de scie voisin où opère un autre ouvrier pour être sciées dans la longueur grâce à l'utilisation d'un rayon laser de façon à "perdre" le moins de bois possible.
Les chutes restantes sont évacuées par tapis roulant jusqu'à un camion : elles seront destinées à faire du charbon de bois.
Dans le bois, rien ne se perd !
Les planches obtenues contiennent toutes plus ou moins des imperfections ou des nœuds : c'est dans un autre atelier qu'elles sont examinées une par une.
Les nœuds vont être éliminés grâce à l'oeil expérimenté d'un ouvrier qui y trace des traits à la craie permettant ensuite à un robot spécifique de les éliminer avec l'aide d'une caméra détectant les traits de craie.
Le robot repère les traits de craie et coupe les planches à cet endroit.
Bien sûr, les chutes sont récupérées pour faire du charbon de bois...
Les planches, qui ont toutes une taille différente suite à cette opération de "nettoyage", sont acheminées via un tapis roulant et sont stockées par taille à différents endroits de l'entrepôt (on voit à droite de la photo les bâches en caoutchouc où elles atterrissent en fonction de leur longueur).
Les planches sont ensuite empilées par taille : l'entreprise emploie deux "empileurs" dont une femme.
Dans la cour, un nombre impressionnant de palettes chargées de planches de bois sont stockées à l'air libre : elles vont y rester parfois plus d'un an afin que le bois sèche. S'il arrive que le bois noircisse, pas de soucis : un petit rabotage et c'est reparti !
Le bois est ensuite séché dans des séchoirs autrefois alimentés par une chaudière au fuel. L'entreprise a investi dans une chaudière à bois (on n'est jamais si bien servi que par soi-même !) et cela permet parait-il d'économiser le coût de 100.000 litres de fuel à l'année...
Voici la sciure, issue des bancs de scie, qui sert à alimenter la chaudière.
La combustion de la sciure est gérée par ordinateur (Photo Christal de Saint-Mars).
Et voici l'un des séchoirs avec, au fond, le bâtiment abritant la chaudière.
D'imposants tuyaux en inox relient les deux bâtiments.
Philippe admire les palettes de planches bien empilées dans un hangar : elles sont prêtes à être expédiées sous plastique aux clients de l'entreprise.
Nous passons maintenant dans un autre hangar, celui où l'on fabrique les crémaillères et les parquets en chêne pour les particuliers : une fabrication plutôt confidentielle nous explique Bertrand Pianetti qui ne veut pas entrer en rivalité avec la grande distribution dont les prix sont nettement supérieurs.
Voici la machine à commande numérique fabriquant les lames de parquet.
Les lames sont ici prêtes à être assemblées.
En face de l'entreprise, le show-room : Tables et chaises "de chez nous"
On y trouve des meubles fabriqués par l'entreprise Pianetti mais aussi de la fabrication bulgare et roumaine (conçue et contrôlée par l'entreprise bourguignonne cependant) à des prix plus abordables.
Cette table est une fabrication de l'entreprise : elle conjugue un plateau de bois avec des pieds en acier et est assez originale.
Le show-room continue à l'étage...
Un grand merci à Monsieur Pianetti pour sa disponibilité et son savoir et à l'Office de Tourisme de Châtillon pour nous avoir fait découvrir cette entreprise régionale.
Dommage qu'on ait déjà posé le parquet dans la maison !
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Par Tolbiac204 le 14 Août 2018 à 23:59
Après la promenade dans le village de Gevrolles avec Monsieur Maîtrehenry, Nadine nous a invités à nous rendre au Château de Dinteville, à quelques kilomètres de là.
Ce sont les propriétaires, Monsieur et Madame Henri de La Ville-Baugé, qui nous reçoivent.
La grille du jardin est datée de 1753.
Après avoir emprunté une longue allée bordée de beaux arbres deux fois centenaires, nous arrivons en vue du château.
La plate-forme rectangulaire entourée de douves alimentées en eau courante et les deux tours rondes cantonnant le corps de logis sont peut-être des vestiges de la construction primitive du XVIème siècle. A l'origine, comme nous l'explique la propriétaire, le château occupait donc toute l'étendue entre les douves et était sans nul doute plus massif.
Du XIIIe au XVIe siècle, le château était la propriété de la famille de Jaucourt.
Celle-ci était très active en Champagne sous François Ier. A la mort de Joachim de Dinteville, en 1607, le château est laissé à l’abandon. Le château Renaissance sera acheté et modifié par le chevalier Guillaume Le Brun en 1703 : une aile à droite et les frontons sont ajoutés, donnant à la façade une structure symétrique classique. Le chevalier Le Brun léguera ce château à sa descendance jusqu'au propriétaire actuel le Marquis de La Ville-Baugé.Faisant le tour du château, nous passons devant l'entrée donnant vers le village. Les grands arbres ont été coupés récemment pour en replanter de nouveaux.
La rivière dite de la "fontaine rouge" se déverse dans les douves par une cascade importante en hiver. Evidemment avec cette chaleur la rivière est à sec...
Un château qui a de la gueule, non ?
Un petit détour vers l'Orangerie qui vient d'être restaurée grâce à des aides publiques.
La charrette à bras sert à transporter les pots craignant le gel.
Voici que nous abordons la façade la plus ancienne du château, celle datant du XVIème siècle où très peu d'ajouts ont été faits : c'est celle que je préfère.
Les douves du château ont trouvé des locataires dirait-on !
Une jolie girouette en forme de sirène sur cet angle de toiture
Le tour est joué : entendez par là que nous avons fini de faire le tour du château !
Cette façade monumentale (édifiée au XVIIIème siècle) n'est pas celle que je préfère.
Une petite visite intérieure maintenant
C'est dans cette pièce qui était autrefois la cuisine du château que Madame de La Ville-Baugé va nous expliquer l'histoire de son château. Elle est aidée en cela par des plans disposés sur la massive table de bois.
Un Saint-Hubert dirait-on... ?
Ce plan m'a semblé particulièrement parlant : on y voit bien, en bleuté, les parties du château actuel et en pointillés ce qu'il était au XVIème siècle.
Dans la pièce voisine, une maquette du château
On y voit la chapelle, en premier plan, et le donjon au second plan. Le château actuel se situerait ici à l'emplacement de l'aile droite du château médiéval.
Cette maquette est une interprétation de ce qu'aurait pu être le château au XVIème siècle avec son puits central et ses arcades.
J'ai oublié qui a réalisé ces maquettes : en tout cas quelqu'un qui y a passé beaucoup de temps...
Il y a dans cette pièce un impressionnant lustre en fer forgé orné de bois de cerfs.
Dans la tourelle d'angle communiquant avec la cuisine se trouvaient une laiterie,
et une boucherie...
Madame de La Ville-Baugé termine sa visite guidée en nous montrant une reproduction d'un tableau de Hans Holbein le Jeune "Les ambassadeurs" peint en 1533. Le tableau est actuellement conservé à la National Gallery de Londres.
Le personnage de gauche n'est autre, en effet, que son commanditaire, Jean de Dinteville, ambassadeur de François Ier en Angleterre auprès d'Henri VIII.
Cette oeuvre reste surtout célèbre pour contenir, au premier plan, une des plus spectaculaires anamorphoses de l'Histoire de la peinture : une forme évoquant un os de seiche se révèle, depuis un point de vue oblique, être un crâne humain, caractéristique des vanités de la Renaissance.
Cette petite vidéo vous explique tout par le détail et...
C'est passionnant !
NB : les anamorphoses ont été inventées au XVIème siècle par un graveur de Nuremberg, Erhard Schoen. C'était pour les contestataires la façon de s'exprimer sans s'attirer les foudres des pouvoirs spirituel et temporel.
Une visite et des gens fort sympathiques
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